Tadeusz Kantor

La classe morte

Archive 1977
Théâtre
1/3

La classe morte
de Tadeusz Kantor

Façe à façe avec ceux qui sont restés de ce côté-ci, apparut un homme leur ressemblant trait pour trait, et qui était cependant par une espèce d'opération mystérieuse et géniale infiniment distant, terriblement étranger, tel un mort séparé par une cloison invisible et néanmoins redoutable et inimaginable dont le vrai sens et l'horreur ne nous apparaissent qu'en songe. Ils ont vu subitement, comme dans la lumière aveuglante d'un éclair l'image tragiquement clownesque de l'homme, comme s'ils l'avaient vu pour la première fois, comme s'ils s'étaient vu eux-mêmes.
Tadeusz Kantor.

Tadeusz Kantor, né à Wielopole (Pologne) en 1915, peintre, décorateur de théâtre, metteur en scène, créateur d'emballages, a fondé le Théâtre Cricot 2 en 1955. Né dans le refus des institutions et de la volonté d'être un organisme de création vivant, ce théâtre n'a cessé de s'affirmer en tant que tel à travers la Pologne, Edimbourg, Londres, Nancy, Pals (Chaillot en 1974)... Ses acteurs : des professionnels, mais aussi des peintres, des musiciens, et pourquoi pas comme dans La classe morte, des personnages empruntés à la réalité quotidienne et insérés dans la trame du spectacle. Une histoire jalonnée par une série de créations et la publication de manifestes où Kantor fait le point, pour lui-même et pour les autres.
La Classe Morte est le dernier spectacle du Cricot 2, ou plutôt une séance dramatique comme on dit séance de spiritisme. Kantor est un familier de Witkiewicz, il l'a beaucoup monté, mais ainsi qu'il se plaît à le déclarer, il joue avec plus qu'il ne le joue. Tumeur cervicale, pièce de Witkiewicz, n'est ici qu'un point de départ, elle laisse seulement des traces dans La classe morte, univers où se côtoient et s'opposent en une tension permanente l'horreur et le grotesque, la tendresse, l'angoisse et l'humour. De vieux bancs d'école usés, un tas de livres desséchés qui tombent en poussière, un wc... Sur les bancs, des vieillards dont seuls les regards, puis des gestes d'automates peuvent dire qu'ils sont encore en vie, et bientôt leurs doubles, les mannequins des enfants qu'ils furent.. Valse du souvenir, dialogue entre la vie et la mort, danse macabre. Regardez-les bien tous : la Femme au Berceau mécanique, la Prostituée somnambule, la Femme de derrière la fenêtre, le Vieillard des Toilettes, le Redoublant-Colleur de Faire-part de decès, le Bedeau au passé simple, et puis la Femme de ménage qui, de ses balais et balayettes, plumeaux, pelles et seaux, nettoie tout, objets et personnages. Les voilà les vieillards de La classe morte, peut-être sera-ce nous, peut-être les sommes-nous déjà... De quelle forme de théâtre relève La classe morte ? De nulle autre forme que la sienne propre : l'absence de vie y est le seul moyen qui permette de montrer la vie, le mannequin devient le modèle pour l'acteur vivant.
Denis Bablet

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